Je suis du quartier des trois coins de rues,
ancienne forteresse d’un faubourg
où fleurissent comme des glycines
les jolies filles en tablier...
Où dans la nuit tiède et calme
le géranium donne son vieux parfum
et, sous un ciel de pleine lune,
sommeillent les charrues de la cour.
Je suis de ce quartier modeste,
je suis le tango sentimental...
Je suis de ce quartier qui boit le maté
à l’ombre que donne la vigne...
Au coin de ses rues j’ai fait le fier,
sorti la lame pour un amour fou,
brûlé dans les yeux d’une mauvaise fille
la mèche ardent de ma passion...
Il n’y a rien de plus beau ni de plus vantard
que ma banlieue qui murmure,
avec les racontars des commères
et les compliments du séducteur.
Vieux quartier qui fut témoin
de mes bravoures de jeunesse...
Je suis du quartier qui vit à part
dans ce siècle de Nouveau Luxe.