Malena
Música: Lucio Demare
Letra: Homero Manzi
Malena chante le tango comme personne
et dans chaque vers, elle met son cœur :
l’herbe du faubourg parfume sa voix.
Malena a un chagrin de bandonéon.
Dans son enfance, peut-être, sa voix d’alouette
a pris ce ton obscur d’impasse,
ou peut-être cette romance,
dont elle se souvient
quand elle est triste dans l’alcool.
Malena chante le tango d’une voix sombre.
Malena a un chagrin de bandonéon.
Ta chanson a le froid de la dernière rencontre,
ta chanson devient amère
dans le sel du souvenir.
Je ne sais si ta voix est la fleur d’un chagrin,
je sais seulement qu’à la rumeur de tes tangos, Malena, je te sens meilleure,
meilleure que moi.
Tes yeux sont obscurs comme l’oubli,
tes lèvres serrées comme la rancœur,
tes mains, deux colombes qui ont froid,
tes veines ont du sang de bandonéon.
Tes tangos sont des créatures abandonnées
qui traversent la boue des ruelles
quand toutes les portes sont fermées
et qu’aboient les fantasmes de la chanson.
Malena chante le tango d’une voix cassée;
Malena a un chagrin de bandonéon.