Styles de tango
>Il y a le tango salon, celui que l’on pratique sans utiliser les ganchos et les voleos.
C’est le tango qui se pratique dans les salles de danse, où la foule nombreuse nous impose d’être discrets, de faire attention de ne pas heurter les autres couples sur la piste. C’est un tango tranquille, dans lequel la gestuelle est peu expansive, bien souvent lente. On réduit au minimum la complexité du vocabulaire. On marche plus qu’on ne danse. Estilo caminando.
L’intériorité prime sur la performance technique.
C’est la danse de l’être !
>Il y a le tango de spectacle ou “Fantasia” où l’on emploie fréquemment les ganchos, voleos, sacadas.
La gestuelle est en constante évolution, expansive, exécutée rapidement ; les déplacements prennent beaucoup d’espace. La technique impeccable est requise.
Tout est axé sur la performance, le spectaculaire.
C’est la danse du paraître !
Temps en tango
Delsarte a établi que : “Plus le geste est lent, plus les sentiments qu’il exprime sont intenses, profonds”. En général, le tango se danse sur des musiques lentes où les notes s’étirent lentement pour accélérer et culminer sur un accent tonique fort. Vice-versa d’ailleurs.
Comme le mouvement de la lanière du fouet, comme une gifle.
Le tango est aussi la seule danse sociale, à ma connaissance, où l’on peut faire des arrêts durant l’exécution. Encore ici, l’intention dramatique se décuple à cause du temps. En fait, il faut, pour que la danse soit et vive, non pas qu’il y ait des arrêts, mais plutôt des suspensions. L’intention doit constamment être présente sinon la danse meurt.
On peut être stationnaire, mais empli d’un sentiment, d’une intention, d’une énergie.
Ces notes qui partent doucement, s’étirent lentement puis s’accélèrent pour culminer sur un accent tonique fort imposent le geste, imposent cette suspension dramatique, donnent au tango sa couleur.
Une autre caractéristique du tango : les danseurs ne sont pas assujettis au rythme (comme en cha-cha-cha, par exemple), mais ils peuvent selon leur bon plaisir et leur talent, interpréter la musique. Ils peuvent donc à loisir, se laisser emporter par le bandonéon, le piano, le violon ou tout autre instrument. Passer d’un à l’autre, revenir à l’un d’eux. De ce fait, le tango devient très expressif. Il offre aux pratiquants la liberté des nuances qu’ils désirent exprimer.
Ainsi, selon qu’ils soient joyeux, tristes, fiers, gênés, arrogants, etc... un soir donné, les danseurs n’interpréteront pas la même pièce musicale de la même façon d’une fois à l’autre.