Le 19 avril 1917 fut composée, dans ce café, la célèbre chanson de tango ‘’La Cumparsita’’ par un étudiant en architecture du nom de Gerardo H. Matos Rodriguez âgé d’à peine de 17 ans. A l’origine, cette chanson avait été écrite pour une marche d’étudiants universitaires.
Cette chanson fut joué dans ce café par le pianiste Roberto Firpo et son orchestre. A ce moment, Roberto Firpo ne connaissait seulement que le prénom du jeune homme. C’est seulement plus tard que Gerardo Rodriguez fut identifié comme le créateur de cette chanson. La chanson reçut une brève notoriété et tomba promptement dans l’oubli.
C’était un jeune homme bien éduqué, sensible mais un peu naïf car il vendit les droits de cette chanson pour 20 pesos à la maison d’édition Breyer.
Sept ans plus tard, en 1924, Gerardo habitait Paris et rencontra Francisco Canaro qui venait juste d’arriver avec son orchestre. C’est à ce moment là qu’il vit le succès de sa chanson. Les paroliers de Tango, Enrique Maroni et Pascual Contursi avaient en conséquence ajouté des paroles et l’avaient renommé ‘’Si Superias’’.
Entre-temps, tout Buenos Aires avait dansé sur cette chanson qui se jouait dans les spectacles, les radios, etc. Puis elle arriva sur Paris où elle fut un succès alors que tout le monde à cette époque ne jurait que sur le Charleston. De Paris, cette chanson fut envoyée dans les 4 coins du monde et depuis, ‘’La Cumparsita’’ est devenue synonyme de Tango.
Gerardo Matos Rodriguez dépensera les 20 années suivantes devant la cour afin d’être reconnu comme étant l’auteur du tango le plus célèbre dans le monde. Le premier procès fut entre le compositeur, Breyer et les maisons d’édition Ricordi (Breyer ayant revendu entre-temps le morceau à Ricordi). Après une longue bataille, Ricordi consentira à payer des royalties à l’auteur. Le deuxième procès fut contre Maroni et Contursi (les paroliers). Ils avaient ajouté des paroles sans sa permission. Gerardo gagnera en partant du principe qu’il avait livré ses droits sur la musique tandis qu’il était mineur. Une lacune légale, mais la loi, c’est la loi comme disait Fernandel.
En 1942, un troisième procès fut lancé afin de cesser la vente de l’enregistrement chanté par Carlos Gardel. Ceci a bien sûr engendré un quatrième procès - cette fois par Maroni et la veuve de Contursi, pour des dommages et intérêts concernant leurs droits comme les auteurs des paroles. Les procès se sont finalement terminés grâce à l’arbitrage du compositeur de tango légendaire, Francisco Canaro qui, comme président de la société argentine des auteurs et compositeurs, demandera à ce que les différentes parties se résolvent à clore la dispute.
Étant donné que l’auteur de ‘’La Cumparsita’’ fut considéré comme un pianiste amateur, les mérites de la mélodie ont toujours être mis en doute. La raison étant que Gerardo H. Matos Rodriguez avait seulement composé les deux premières parties. De plus, il manquait une bonne mesure dans la première partie. Roberto Firpo lui-même dû ajouter une troisième partie et de l’harmonie.
En 1998, la chanson ‘’La Cumparsita’’ fut déclarée ‘’hymne culturel et populaire’’ de la République Orientale de l’Uruguay.
À Buenos Aires, la coutume veut que les Milonguas se clôturent par une tanda de “La Cumparsita”. Il est d'usage de la danser avec sa partenaire ou au moins, avec la femme que l'on veut raccompagner, et si possible, quelques heures plus tard, prendre le petit déjeuner ensemble !
C'est au moment de “La Cumparsita”, certains jeudis, que des couples se lient et se délient avec certitude ! Il est donc très mal vu, voir provocant et injurieux d'inviter la compagne d'un autre pour cette dernière tanda… À moins qu'elle le souhaite vraiment… D'où la réputation de “La Cumparsita” d'être la “Danse des cocus”.